Hongrie : revenir sur la loi sur l'avortement?

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Le gouvernement conservateur de Hongrie issu des élections d’avril dernier entend inscrire la protection de la vie depuis l’instant de la conception dans la nouvelle Constitution en cours d‘élaboration. Cette affirmation solennelle du respect de la vie obligerait la Hongrie à revenir sur la légalité de l’avortement. La commission de rédaction du texte – que l’opposition avait quittée avec fracas à l’automne – devrait le présenter entre le 10 et le 15 décembre devant l’Assemblée nationale, où la majorité dispose des deux tiers des sièges avec le Fidesz, parti du Premier ministre Viktor Orban. Le parti historique des étudiants anticommunistes, fondé en 1988 face au parti unique, se définit comme « libéral, radical et alternatif », et il a placé la défense de la vie et de la famille naturelle au cœur de son programme.

Si le projet de Constitution nouvelle est adopté grâce à cette majorité importante, le respect de la vie, mais aussi la définition du mariage comme l’union entre un homme et une femme seraient inscrits au nombre des Principes de Régulation de la nouvelle Constitution hongroise. [...] Une fois le texte solennellement approuvé par le Parlement hongrois, il serait très difficile de revenir sur ces points puisque tout amendement, pour être adopté, devrait être validé par les deux tiers des députés lors de deux législatures consécutives.

La Hongrie a aujourd’hui une des législations pro-avortement les plus libérales d’Europe, et elle deviendrait de soi anticonstitutionnelle. L’avortement avait été légalisé dans les années 1950 et était intégralement remboursé par l’Etat communiste. Aujourd’hui 30% des grossesses se terminent par un avortement, pour un taux de natalité suicidaire de seulement 1,39 enfant par femme. On peut parler de tragédie nationale. Il faut souligner que ce revirement vers une Constitution pro-vie marquerait le passage vers la première Constitution démocratique de la Hongrie qui est actuellement toujours sous le régime de la loi fondamentale de 1989, adoptée alors que le communisme était en voie d’effondrement, mais toujours au pouvoir."

Source : Jeanne Smits dans Présent