Entrée en vigueur de la loi sur l'avortement en Espagne : les régions se rebellent

Plusieurs régions espagnoles se rebellent contre la nouvelle loi dépénalisant l'IVG, dont l'application reste suspendue à une décision du Tribunal constitutionnel.
La notion d'interruption volontaire de grossesse n'existait pas en Espagne, jusqu'à l'entrée en vigueur, ce lundi, d'une loi votée par le Parlement en février dernier. Les femmes peuvent désormais avorter jusqu'à 14 semaines de grossesse et jusqu'à 22 semaines en cas de "risque pour la santé" de la mère et/ou "de graves anomalies du foetus".
Mais cette dépénalisation de l'IVG, en phase avec les lois en vigueur en Europe, fait débat en Espagne. Madrid, la Murcie et la Galice, autonomies dirigées par le Partido Popular (PP, droite), ont averti qu'elle refusaient de l'appliquer et comptaient en rester au cadre légal précédent (voir l'encadré). Quant à la Navarre, elle continuera d'envoyer dans d'autres provinces les femmes qui souhaitent avorter.
Cette "rébellion" qui fait les grands titres de la presse ce mardi, est indirectement soutenue par la puissante et conservatrice église catholique espagnole qui désapprouve une loi "incompatible avec la conscience morale catholique", qui laisse la vie humaine "sans protection" et "impose l'idéologie de l'avortement".
Samedi, à l'appel de nombreuses associations, plusieurs centaines (des milliers, selon le quotidien conservateur ABC) de manifestants s'étaient réunis à Madrid pour protester : "Non à l'avortement, oui à la vie" et "Chacun a le droit de vivre". Les manifestants scandaient "25 ans c'est assez", allusion à la législation encadrant l'avortement en Espagne mise en place en 1985.
Source : L'express
Que va décider le Tribunal constitutionnel?
Ces opposants à la réforme manifestaient sous les fenêtres du Tribunal constitutionnel espagnol, auprès duquel le PP, qui juge ce texte contraire au "droit à la vie" inscrit dans la Constitution espagnole, a déposé un recours la semaine dernière. Recours jugé recevable par la plus haute juridiction espagnole.
La majorité socialiste reste cependant confiante. "De l'avis du gouvernement, cette loi est constitutionnelle", a assuré le chef du gouvernement, José Luis Rodriguez Zapatero, ce lundi. Il espère de cette loi qu'elle "limite le nombre de grossesses non désirées" et apporte "plus de garanties aux femmes et aux professionnels" pratiquant l'avortement.
Le Tribunal constitutionnel prendra-t-il la décision exceptionnelle de suspendre provisoirement l'application de la loi, en attendant de se prononcer sur le fond ? El Pais prédit, ce mardi matin, qu'il n'en fera rien et pourrait approuver cette réforme comme le mariage homosexuel, il y a cinq ans, en Espagne.
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