Le débat sur l'avortement est rouvert et doit le rester, dit le cardinal Ouellet

Les gouvernements doivent mieux financer les groupes d'aide aux femmes qui sont d'allégeance pro-vie, plaide maintenant le cardinal Marc Ouellet.
Québec et Ottawa devraient mieux soutenir les organisations religieuses ou communautaires «qui défendent la vie» par souci «d'équité» puisqu'ils financent déjà les cliniques d'avortement, a déclaré hier le cardinal lors d'un point de presse visant à revenir sur ses déclarations d'il y a deux semaines.
Marc Ouellet estime qu'il a été mal compris et qu'on a retenu seulement une partie de son intervention. «On a pris une phrase et on en a fait une arme pour me discréditer.» Le 15 mai dernier, lors d'une conférence devant 200 militants pro-vie, Marc Ouellet avait demandé pourquoi une femme victime de viol devrait commettre un crime à son tour en se faisant avorter.
Hier, il a tenu à se montrer plus nuancé. Tout en reconnaissant avoir qualifié alors l'avortement de «crime», il a dit préférer l'expression «désordre moral grave». Les médias n'auraient pas mesuré, dit-il, sa compassion envers la détresse des femmes qui se font avorter. «Mon souci est avant tout la santé physique, psychologique et spirituelle de la femme en difficulté», a-t-il martelé. Ces dernières seraient selon lui les victimes des pressions des hommes et de la société en faveur de l'avortement.
«Si seulement un médecin prenait une demi-heure pour expliquer à la jeune femme de 16 ans qui est enceinte les conséquences psychologiques qu'elle éprouvera suite à l'avortement, je suis convaincu que plusieurs prendraient la décision de le garder», a-t-il plaidé, allant jusqu'à suggérer qu'on puisse réduire de moitié le nombre d'interruptions de grossesse au pays en aidant mieux les femmes enceintes à faire «un choix éclairé». «Si la voie juridique est impraticable parce qu'il n'y a pas de volonté politique, la voie de la compassion, elle, l'est», a-t-il lancé.
Prié de dire pourquoi il intervenait sur ces questions maintenant, il n'a pas caché suivre de près ce qui se passe à Ottawa. Cela s'inscrit dans «le contexte précis» de la «discussion politique» sur l'aide aux programmes dans le tiers monde, a-t-il dit concernant le refus du gouvernement Harper d'inclure l'aide à l'avortement dans ses programmes d'aide internationale pour la santé des femmes.
«Ç'a aidé à poser des questions. Les gens ont oublié que l'enfant n'a droit à aucune protection dans le sein de sa mère.» Et d'ajouter que si le gouvernement Harper refuse de financer des avortements à l'étranger alors qu'il ne fait rien ici, il est «incohérent».
Dénonçant le «vide juridique» en matière d'avortement au Canada, Marc Ouellet a en outre déclaré que du point de vue des droits du foetus, les autres pays n'avaient rien à envier au Canada pour ce qui est des droits de la personne. Le cardinal avait commencé son allocution en répétant que le débat sur l'avortement était ouvert et qu'il devait le rester.
Malgré l'incompréhension dont il dit avoir fait l'objet, Marc Ouellet semblait plutôt satisfait de son impact. «Il y a quand même des choses qui se sont passées», a-t-il dit en évoquant les interventions de «certains chroniqueurs».
Le cardinal Ouellet était accompagné hier de l'archevêque d'Ottawa, Terrence Prendergast. En 2008, ce dernier avait déclaré que les politiciens pro-choix ne devraient pas recevoir la communion. Hier, il a fait valoir que les milliers de militants pro-vie qui ont défilé récemment devant la Chambre des communes représentaient une «majorité silencieuse».
Source : Le devoir.com
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