Avortement: tempête politique après les propos de l'archevêque de Québec

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L'archevêque de Québec, le cardinal Marc Ouellet, a provoqué une levée de boucliers des milieux politiques et féministes québécois en condamnant fermement l'avortement, y compris en cas de viol, le week-end dernier.

La dirigeante du Parti québécois (souverainiste, opposition) Pauline Marois s'est dite "complètement outrée" par les propos du haut prélat, lui reprochant de vouloir revenir sur le résultat de luttes menées "depuis 40 ans", a rapporté lundi Radio-Canada.

S'exprimant samedi devant un congrès anti-avortement à Québec, Mgr Ouellet a reconnu "qu'une femme violée vit un drame et qu'elle doit être aidée".

"Mais, a-t-il poursuivi, elle doit l'être par rapport à la créature qu'elle a dans son sein. (...) il y a déjà une victime. Est-ce qu'il faut en faire une autre?"

La ministre québécoise des Aînés, Marguerite Blais, a dit à Radio-Canada être "très mal à l'aise" et "ne pas accepter" les déclarations du cardinal. "Les femmes sont capables de décider pour elles-mêmes", a-t-elle affirmé.

Pour la directrice de la Fédération des femmes du Québec, Alexa Conradi, si les propos du cardinal lui paraissent "complètement déconnectés de la réalité des femmes", ils s'inscrivent dans le contexte d'une "attaque constante contre le droit acquis à l'avortement", menée avec l'appui des conservateurs au pouvoir à Ottawa.

"La droite religieuse attaque le droit à l'avortement, et elle a l'oreille du Premier ministre (Stephen Harper). Ça, c'est très inquiétant", a-t-elle dit, selon le journal en ligne montréalais Cyberpresse.

Mme Conradi a déclaré récemment à l'AFP que depuis leur arrivée au pouvoir, les conservateurs avaient proposé cinq projets de loi remettant en question le droit à l'avortement. Aucun n'a abouti, pour des raisons variées.

Par ailleurs, M. Harper refuse de financer l'avortement dans les pays en développement, dans le plan canadien sur la santé maternelle et infantile qui sera développé lors du G8 fin juin au Canada. Une marche "pour la vie" a réuni plusieurs milliers de manifestants jeudi dernier à Ottawa.

Face à cette vague de réactions, l'archidiocèse de Québec a publié lundi soir une mise au point intitulée "Clarifications" et affirmant que "le cardinal ne condamne aucune femme et il souhaite qu'on leur vienne davantage en aide avant ou après l'avortement. Il comprend la détresse menant à ce choix douloureux. Les mères et les pères méritent le soutien de toute la société pour leur éviter d'en arriver à l'avortement. L'adoption doit être facilitée", ajoute le communiqué.

"La priorité à l'heure actuelle n'est pas la criminalisation, c'est un éveil moral et une éducation des consciences face au drame de l'avortement", précise-t-il.

Source : La Croix