Succès de la Marche pour la Vie canadienne : 21 députés présents

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Des milliers de personnes, dont le cardinal Ouellet, 18 députés conservateurs et 3 libéraux (photo ci-contre), ont manifesté à Ottawa. Le premier ministre Stephen Harper promet peut-être de ne pas relancer le débat sur l'avortement au Canada, mais certains de ses députés ne demandent que cela. Une vingtaine d'entre eux ont participé hier à la manifestation annuelle pro-vie sur la colline parlementaire. Un député a ouvertement demandé que le Parlement se prononce sur quand, au juste, débute la vie. Un autre a reconnu que son projet de loi criminalisant le fait de contraindre une femme à se faire avorter était en fait une première étape dans la lutte contre l'avortement.

La manifestation sur le parterre du Parlement était imposante: de 12 000 à 15 000 participants selon les organisateurs, environ 5000 selon les calculs des journalistes. Il y avait 21 députés présents, soit 18 conservateurs et 3 libéraux. La conservatrice Kelly Block était la seule femme du lot. Plusieurs chefs religieux étaient aussi de la partie, dont le cardinal Marc Ouellet.

Tour à tour, les députés se sont présentés au micro pour expliquer à une foule enthousiaste pourquoi ils étaient pro-vie. «Je crois que la vie commence dès la conception, a expliqué le conservateur Dean Del Maestro (Peterborough). La loi aujourd'hui, au Canada, dit que la vie commence à la naissance. Alors avant qu'on rédige des lois concernant l'avortement, notre première étape doit être de déterminer quand cet endroit [il désigne le Parlement derrière lui] croit que la vie commence. Je suis prêt à plaider ma cause. La science est prête aussi. Nos adversaires le sont-ils?» Il a par la suite expliqué à certains journalistes qu'il aimerait que le Comité permanent sur la santé se penche sur cette question à la Chambre des communes.

Le conservateur Jeff Watson (Essex) a expliqué pour sa part que les mots avaient leur importance dans ce débat. «Les ossements desséchés ne sont revenus à la vie que lorsque Ézéchiel a parlé», a-t-il lancé en faisant référence à la vallée biblique traversée par le prophète. Il estime donc que la rhétorique du mouvement pro-vie doit changer. «Nous pouvons déclarer ensemble que le vieux débat sur l'avortement est terminé. Place à la nouvelle ère où l'avortement est impensable.»

Ce sont justement les propos qu'avaient tenus en matinée, en conférence de presse, les représentantes de la campagne Silent No More. Ce mouvement américain, qui s'implante peu à peu au Canada, de même que dans sept pays européens, donne la parole aux femmes disant regretter leur avortement. «Notre mouvement Silent No More ne prend pas de position politique sur l'avortement. Il ne s'agit pas de dire si l'avortement est légal ou illégal. Nous voulons le rendre impensable», a expliqué la cofondatrice américaine, Janet Morana.

Mme Morana a félicité le Canada pour avoir refusé de financer les avortements à l'étranger dans le cadre de son initiative sur la santé maternelle. Les États-Unis avaient une telle politique, mais le président Barack Obama l'a annulée. «Nous sommes très contents que le Canada adopte une position pro-vie et qu'il n'exporte pas à l'étranger de l'argent pour des avortements.»

Ce thème a été abondamment repris à la manifestation, notamment par le cardinal Marc Ouellet. «Notre gouvernement a eu le courage de résister aux pressions qui voulaient faire financer des programmes d'avortement dans les pays du tiers monde. Nous l'appuyons.» Il s'est mérité les applaudissements nourris de la foule, qui se sont amplifiés quand il a ajouté: «Mais nous voudrions voir plus de courage pour qu'on fasse plus pour défendre au Canada les enfants non encore nés.»

Une étape à la fois

Le président du caucus pro-vie, le conservateur Rob Bruinooge, a aussi pris la parole devant la foule, vantant son projet de loi d'initiative privée (C-510) rendant illégal le fait de faire pression sur une femme pour qu'elle se fasse avorter. «Pour le mouvement pro-vie au Canada, il est toujours important d'y aller par étapes, par petites étapes, pour faire reconnaître la valeur des enfants non encore nés. Je suis persuadé que les gens comme vous appuieront ce projet de loi. Des pétitions circulent d'ailleurs dans la foule.» Lorsqu'il a présenté son projet de loi en avril, M. Bruinooge avait assuré qu'il «ne rouvre pas le débat sur l'avortement».

Tous les députés pro-vie n'étaient pas présents à la manifestation. Par exemple, le ministre de la Citoyenneté et de l'Immigration, Jason Kenney, a expliqué qu'il n'en avait pas eu le temps. «Je suis contre la peine de mort, je suis contre l'infanticide, contre l'euthanasie et c'est toujours ma position», a-t-il indiqué.

M. Bruinooge estime que le caucus pro-vie, un regroupement de députés fédéraux opposés à l'avortement, compte de 30 à 40 membres. Il n'a pas voulu en fournir la liste. Pour l'heure, seuls le Parti conservateur et le Parti libéral y ont des représentants. Il y a beaucoup moins de libéraux qu'avant, car un grand nombre d'entre eux ont été défaits aux élections.

La plupart des manifestants provenaient de l'Ontario. Le cardinal Ouellet a salué la présence des Québécois. «Je salue particulièrement ceux qui sont venus du Québec, où nous avons vraiment besoin d'un effort particulier pour refaire une culture de la vie», a-t-il dit.

Notons qu'il y avait beaucoup de jeunes sur place. Plusieurs écoles catholiques ontariennes mobilisent leurs étudiants, nolisant des autobus pour les y envoyer d'aussi loin que de Toronto. C'est le cas de Justine Merced et de ses deux amies de l'école St-Martin, à Mississauga, ou encore de Teresa et sa soeur de sixième année venues de Port Perry. «Je crois que tout le monde a le droit à la vie. Ce qu'ils font est mal.»

Source : Le Devoir