Piémont et en Vénétie: la Ligue du Nord s'oppose à la distribution de la RU 486

21 ans après la France et nombre d’autres pays, européens ou non, la pilule abortive RU 486 est désormais disponible en Italie. La loi 194, votée le 22 mai 1978, qui autorisa l’avortement, avec un certain nombre de restrictions (« les possibilités d’avoir recours à l’IVG durant les premiers 90 jours de la grossesse, sont limitées aux cas où la grossesse comporte un danger sérieux et objectif pour la santé physique ou psychique de la femme enceinte », l'IVG étant autorisée au-delà de 90 jours, seulement si le fœtus est affecté d’une grave pathologie ou si la vie de la femme enceinte est en danger), n’a jamais vraiment calmé le débat et régulièrement les affrontements entre les camps adverses reviennent sur le devant de la scène.
La RU 486 est disponible depuis plus de 20 ans dans 30 pays comme l’Espagne, l’Autriche, la Tunisie, les États-Unis, la Chine - et la France bien-sûr où elle a été mise au point en 1980 par Étienne-Émile Baulieu - et a été utilisée par des millions de femmes. L'Italie restait jusque à présent hors du circuit.
L'Église a tout fait pour empêcher l’arrivée de la RU 486 en Italie ainsi que différents politiques, au premier rang desquels Francesco Storace, ministre de la santé du 3ème gouvernement Berlusconi (2005-2006) (il ira jusqu’à faire suspendre les premières expérimentations de la pilule mises en place à Turin, à l’hôpital Sant'Anna) ont bataillé contre. Et puis, le 30 juillet dernier, l’AIFA (Agence Italienne du Médicament) a finalement autorisé la mise sur le marché de la RU 486 par les laboratoires français Exelgyn (qui sont donc les producteurs de la pilule).
Les premières pilules seront très probablement distribuées aux hôpitaux après Pâques. Précisons que le soin de choisir le cadre dans lequel aura lieu la prise de la pilule abortive est laissé aux régions elles-mêmes : soit la patiente sera hospitalisée (pendant au moins trois jours) soit tout se passera en ambulatoire et la patiente pourra rentrer chez-elle le jour-même (mais sera suivie pendant le temps que durera l’avortement).
Cependant, le week-end dernier ont eu lieu les élections régionales qui ont vu la Ligue du Nord l’emporter dans deux régions très importantes du nord : le Piémont et la Vénétie. Roberto Cota et Luca Zaia, respectivement les nouveaux présidents de chacune de ces régions, s’opposent avec virulence à l’arrivée de la pilule dans les hôpitaux des régions dont ils ont désormais la responsabilité. Ironie du sort, c’est justement dans le Piémont, comme on vient de le voir, qu’avaient eu lieu les premières expérimentations de la pilule RU 486.
En tant que catholique, Zaia se dit opposé à cette méthode abortive qui, dit-il : «banalise le drame de l’avortement, laisse les femmes seules et déresponsabilise les jeunes ». Luca Zaia avait d'ailleurs déclaré : « Le fédéralisme est nécessaire, même pour les thèmes éthiques. Pour l’avortement ou l’euthanasie, pourquoi l’État devait-il décider ? Les assemblées régionales devraient pouvoir légiférer ».
Source : Italopolis