Pour Roselyne Bachelot, l'IVG est une "priorité"

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Interview de Roselyne Bachelot, ministre de la santé qui liste les mesures qu'elle a prise pour augmenter le nombre d'IVG (au lieu de le réduire). Elle se réjouit ainsi de la bonne tenue des IVG en France tout en déplorant « des goulots d'étranglement » dans certaines zones de « forte demande » pour cette « offre de soin » (même s'il n'y a pas vraiment de malades à soigner, la grossesse n'étant pas jusqu'à preuve du contraire une maladie). Il faut dire que la ministre de la santé a bien travaillé pour l'IVG : multiplication des structure autorisées à pratiquer des IVG comme les centres de planning familiaux, revalorisation de 60% du forfait hospitalier de l'IVG. La ministre prévoit d'ailleurs une nouvelle augmentation pour 2010.

Roselyne Bachelot: L'accès à l'IVG est une question à laquelle j'attache une grande importance. Depuis 2007, j'ai pris des mesures pour en améliorer l'accès. J'ai multiplié les structures autorisées à pratiquer les actes d'IVG : depuis l'année dernière les centres de planification et les centres de santé sont autorisés à pratiquer les IVG médicamenteuses.

Quant à la réforme [des hôpitaux ndlr], elle ne met pas « en danger » l'IVG. Elle donne au contraire les outils dont nous avions besoin pour en améliorer l'accès. Avec la loi hôpital, patient, santé et territoires, la prise en charge de l'IVG sera désormais intégrée comme une composante à part entière de l'offre de soins dans chaque région.

Le rapport qui vient de m'être remis montre que la situation est globalement bonne, avec notamment une diminution des délais de prise en charge mais il met aussi en exergue des « des goulots d'étranglement » dans certaines zones de forte demande, en particulier en Ile-de-France. Les restructurations en cours ont justement pour objectif d'améliorer cette situation. Il faut laisser le temps aux mesures de produire leurs effets et je ne veux surtout pas laisser dire qu'elles auront l'effet inverse !

 

Comment réagissez-vous aux propos de Danielle Bousquet, vice-présidente de l'Assemblée nationale qui déplore qu'aussi bien à droite que dans l'opposition, l'IVG n'est pas une priorité?

Roselyne Bachelot: Pour moi, je vous le répète, la prévention et la prise en charge des IVG sont une priorité. C'est pour cela que j'ai demandé à l'IGAS d'évaluer l'application de la loi du 4 juillet 2001 relative à l'IVG et à la contraception. Il ne suffit pas d'écrire une loi, il faut vérifier qu'elle s'applique sur le terrain et que les principes qu'elle énonce sont respectés partout et pour tous. A partir des constats de cette évaluation, j'ai demandé à ce que la prévention et la prise en charge de l'IVG soient bien une composante de l'offre de soins. Les agences régionales de santé, devront prendre cet impératif en considération ; elles seront évaluées sur leurs résultats dans ce domaine.

 

Une fois les médecins militants partis à la retraite, peu veulent prendre la relève, comment faire pour que l'IVG soit revalorisée dans le milieu médical?

Roselyne Bachelot: Aujourd'hui, c'est en revalorisant l'activité d'IVG, que nous pourrons assurer une continuité auprès des jeunes médecins. A cet effet, j'ai augmenté de 60% le forfait perçu pour  une IVG dans les établissements de santé et je prévois encore une nouvelle hausse pour 2010. Nous allons également améliorer la formation et la sensibilisation des professionnels de santé sur ces sujets.

 

Que pensez-vous des milliers de Françaises qui avortent à l'étranger?

Roselyne Bachelot: Malgré les améliorations en cours, comme le raccourcissement des délais de prise en charge,  qui est aujourd'hui en moyenne de 7 jours en France, et l'augmentation du délai légal de recours de 12 à 14 semaines par la loi de 2001, le phénomène semble effectivement persister. Avec l'ensemble des mesures que je viens de vous exposer, je suis certaine que nous pourrons  encore améliorer la situation en s'assurant que partout sur le territoire, les femmes qui le souhaitent puissent avorter jusqu'à la 14e semaine et dans un délai de prise en charge le plus efficace.

 

Source : Marie Claire