Kenya : Conflit sur les droits à l’avortement dans la nouvelle constitution

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Un projet de constitution harmonisé a été maintenant remis à la Commission parlementaire du Kenya. Les dirigeants chrétiens influents préviennent que la question de l'avortement pourrait faire dérailler le processus de révision constitutionnelle.

Ce projet, élaboré par un Comité d’experts (COE), ne contient en réalité aucune référence spécifique à l'avortement, mais le Conseil national des églises (NCCK) et l'Eglise catholique s'insurgent contre une expression indiquant que "toute personne a droit à la vie" sans pouvoir définir là où la vie commence et se termine.

Les dirigeants de l'Eglise sont catégoriques que toute ambiguïté, qui pourrait voir les droits à l'avortement au Kenya élargis, est inacceptable.

Le chanoine Peter Karanja du NCCK a déclaré à IPS: "La vie est sacro-sainte. La définition de la vie doit être stipulée dans la loi suprême du pays, la constitution. La vie doit être définie comme commençant à la conception et se terminant à la mort naturelle".

Lorsque le COE a entendu les observations du public sur le projet en 2009, le clergé et les militants anti-avortement ont contesté le fait que le document ne renforçait pas la loi actuelle du Kenya et proscrivait clairement l'avortement, sauf lorsque la vie de la mère est en danger.

Au cours des audiences en juillet, l'émotion était grande, avec des dirigeants de l'église huant littéralement les discours de l'Alliance pour les droits à la santé de la reproduction (RHRA), avertissant que la légalisation de l'avortement "ferait ou détériorerait" le processus de révision de la constitution. Les églises menacent de se mobiliser contre le vote du "oui" au cours du référendum final sur la constitution.

"Au cas où le projet harmonisé devrait rester tel qu'il est, sans la définition du moment où commence la vie, nous devrons explorer les options légitimes, comme le prévoit la Loi 2008 sur la révision de la constitution du Kenya, pour demander réparation. Ce qui est clair, c'est que cette question doit être prise au sérieux puisqu’elle occupera certainement le devant de la scène par rapport au référendum", déclare Karanja.

Présenté avec des statistiques sur les décès résultant d'avortements dangereux, le chanoine était catégorique. "Il faut comprendre que la grossesse est le dessein de Dieu, les résultats d'un contact sexuel entre un homme et une femme. Dieu, par conséquent, tient responsables l'homme et la femme de se contrôler et de s'engager dans le sexe en tant que mari et femme. Dans tous les cas, qu'il en résulte une grossesse, ce n'est pas le problème du fœtus. Pourquoi tuer cette vie humaine, innocente sans défense lorsqu'elle est le résultat du comportement des adultes?"

Dans un mémorandum adressé au COE, l’alliance déclare que la façon dont le projet de constitution garantit actuellement un droit à la vie, sans une définition plus approfondie, est conforme à celle adoptée par d'autres Etats et par les principaux instruments internationaux des droits humains.

La RHRA considère les recommandations de l'église comme revenant à imposer le christianisme à tous les citoyens - d'autres communautés religieuses ont largement évité ce débat dans le processus de révision constitutionnelle.

La commission parlementaire passera 21 jours à travailler pour résoudre les "questions controversées" avant qu’un projet ne soit soumis à l'Assemblée nationale pour approbation. Pour intervenir davantage avec force à ce stade du processus, un groupe de pasteurs s’est rendu au tribunal en décembre à la recherche de clarification sur ce qui est officiellement qualifié comme étant une question "controversée".

Source : ipsinternational.org

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