Pourquoi les femmes avortent : les raisons de l'avortement

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Les statistiques concernant les raisons faisant que les femmes avortent ne sont, souvent, ni demandées, ni souhaitées. Brian Clowes, aux USA, est l’une des rares personnes les analysant, ainsi que deux gynécologues suisses, l’un procédant à des avortements, et le Dr. Werner Förster, d’Einsiedeln, qui n’en pratique pas. A aussi été interrogé une sage-femme, Maria Grundberger, de Munich.

« Je vous envoie ici les dernières études des USA », écrit Brian Clowes, de Virginie. « Les raisons faisant qu’on avorte aux USA peuvent, de fait, être transposées à tout autre nation établissant des statistiques depuis plus de 10 ans. » L’une des enquêtes les plus importantes et les plus connues sur les raisons de l’avortement eut lieu dans les années 1996-2004 dans les états de Louisiane, du Nebraska et de l’Utah. On a traité statistiquement 122 083 avortements. Parmi eux, 121 047, soit 99,16%, ont été répertoriés comme soi-disant « avortements dus au style de vie » - Lifestyle abortions.

Le terme « Lifestyle » ne rend pas toujours justice aux détresses multiples des femmes concernées. Il faudrait particulièrement tenir compte du fait que lorsqu’elles sont enceintes sans l’avoir désiré, les femmes sont souvent complètement perturbées, et cette nouvelle situation, c’en est trop pour elles. En fait, « Lifestyle » a pour but de manifester qu’il n’ y a pas de causes médicales ou juridiques à l’avortement.

Avortements « Lifestyle » : 99,16 %.

. Ce n’est pas le moment

. En ce moment, je ne peux justement pas me permettre un enfant

. Je ne voudrais pas être une mère célibataire / Problèmes de couple

. Un bébé bouleverserait ma formation

. Mes enfants sont grands

. Je ne voudrais pas que d’autres sachent que je suis enceinte

. Mon mari (mon ami, mes parents) voudrait (voudraient) que j’avorte

La santé ou la vie de la mère est en danger : 0,42%

Inceste ou viol : 0,22 %

Il se peut que l’enfant ait une malformation : 0,20%

Un gynécologue pratiquant des avortements en Suisse écrit comme suit les motifs d’avortement : « Nous ne possédons pas de statistiques quant aux motifs. La femme n’est pas tenue de nous les communiquer, mais elle a l’occasion de s’exprimer. Les motifs sont très variés et parfois difficilement compréhensibles : souvent le couple n’est pas encore clairement fixé comme tel, ou alors il est instable, ou brisé, ou sujet à infidélités, la formation n’est pas encore achevée, un avenir financièrement incertain, la peur de devenir mère célibataire, la peur de dépendre de la famille (grands-parents). À l’occasion, les motifs sont difficilement concevables ou contredisent le sens commun : Par exemple, les astres sont défavorables, ou, encore plus stupéfiant pour nous, il y aura erreur sur le sexe de l’enfant. »

Le Dr. Werner Förster, gynécologue à Einsielden, ne pratiquant pas d’avortement, dit à ce sujet : « Aujourd’hui, les gens raisonnent non plus en pensant à l’enfant, mais se cantonnent à l’aspect utilitariste. La cause d’avortement la plus fréquente est le partenaire qui ne convient pas, la carrière ou une défaillance du contraceptif."

Une décision insoutenable

Maria Grundberger, sage femme, qui depuis dix ans conseille les femmes devant un centre d’avortements à Munich, parle de plusieurs niveaux de motivation, qui très souvent relèvent de la peur : « peur de la responsabilité, peur d’être abandonnée par leur partenaire, de perdre leur emploi ; peur de devoir interrompre leur formation. » Souvent, dit-elle, il s’agit simplement aussi de la réalisation de soi : l’enfant n’était pas planifié, on a rebondi professionnellement et on ne voudrait pas tout gâcher. « Souvent les femmes évoquent tout d’abord des problèmes financiers qui, effectivement, peuvent aggraver le conflit », constate la sage-femme. « Et quand on prend ces femmes au sérieux, c’est alors seulement que les motifs véritables se font jour. Pour beaucoup de femmes, se décider pour ou contre l’enfant est une charge telle qu’elles peuvent difficilement tenir le coup. Alors, elles avortent, en pensant qu’après, cela ira mieux pour elles, et c’est seulement a posteriori qu’elles comprennent que ce peut être pis encore. »

Source : Blog ps139 de la Tribune de Genève, en provenance de : ASME  Actualités Déc.2009/Jan.2010 / No.55