La droite espagnole unit ses forces contre l'avortement

Les adversaires de l'avortement n'ont pas dit leur dernier mot en Espagne. Après l'importante manifestation organisée à Madrid, où près de 300 000 personnes ont défilé contre la dépénalisation partielle de l'interruption volontaire de grossesse (IVG), la pression sur le gouvernement ne faiblit pas. Le Parti populaire, principal mouvement d'opposition, s'est attribué au Parlement le rôle de porte-parole du mouvement Pro vida (en faveur de la vie). Son leader, Mariano Rajoy, a annoncé qu'il déposerait une série d'amendements et que, si la loi était approuvée, il la dénoncerait devant le Tribunal constitutionnel. Le chef des conservateurs s'est également engagé à modifier la législation s'il remportait les élections en 2012. |
Lors de la manifestation, plusieurs poids lourds du Parti populaire (PP) étaient présents, dont la numéro deux du parti, Maria Dolores de Cospedal et l'ancien président du gouvernement José Maria Aznar, qui porte aujourd'hui le flambeau des anti-avortement. Jusqu'ici, les conservateurs espagnols avaient gardé leurs distances avec ce débat. Durant ses huit années de pouvoir, Aznar n'avait jamais évoqué la possibilité de modifier la loi de 1985. Mais le mouvement de contestation des Pro Vida a pris une telle ampleur qu'il constitue désormais une réserve potentielle de voix opposées au gouvernement socialiste.
Pour la droite, qui cherche à laver son image ternie par des affaires de corruption interne, la lutte des anti-IVG apporte un nouveau souffle face à un gouvernement socialiste affaibli par sa mauvaise gestion de la crise économique.
La réforme envisagée fait aussi grincer des dents à gauche. Le président du Parlement, José Bono, un des barons socialistes connu pour ses convictions catholiques, a ouvertement déclaré qu'il n'approuvait pas la réforme. Il a appelé le gouvernement de Zapatero à trouver un consensus sur les points les plus polémiques. La controverse la plus animée concerne notamment la possibilité donnée aux adolescentes de 16 ans d'avorter sans l'autorisation parentale, alors qu'elles ne peuvent décider de porter un piercing sans l'accord de leurs parents.
Les Pro-Vida veulent éviter que l'IVG prenne racine en Espagne. Toujours considéré comme un délit, l'avortement deviendra, avec le nouveau projet de loi, libre jusqu'à douze semaines de grossesse et sera considéré comme un droit, à l'image d'une vingtaine de pays de l'Union européenne. Aujourd'hui, la loi ne l'autorise qu'en cas de viol (dans un délai de 12 semaines), de malformation du fœtus (24 semaines) ou de « danger pour la santé physique et psychologique » de la mère (sans limite de temps).
L'épiscopat est le fer de lance de cette bataille contre l'IVG. Sur un ton de défi, le numéro un de l'Église espagnole, le cardinal Rouco Varela, a promis à Zapatero que cette croisade « s'intensifiera jusqu'au retrait du projet de loi ».
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Source : LeFigaro, France 24
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