Le planning familial de Marseille décide de fermer ses portes

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Parce qu'elle dénonce des conditions de travail "indignes" et une diminution des financements pour les permanences, l'équipe du planning familial de Marseille a décidé de fermer les portes.

Situé au troisième étage d'un immeuble du boulevard d'Athènes (Ier arrondissement, photo ci-contre), à Marseille, il a été aménagé en planning familial il y a maintenant vingt ans. Un long couloir permet d'accéder aux différentes pièces. On compte une salle d'attente, un cabinet médical, deux salons d'entretien, une salle de réunion, deux ou trois bureaux.
Le chauffage est en panne. "Au mois de décembre, témoignent les conseillères du planning familial marseillais, nous avons eu droit à des inondations, des coupures d’électricité intempestives et même à l'arrêt du chauffage pendant l’accueil du public..."

Des situations d'urgence qui ont conduit l'équipe à fermer le planning le 23 décembre dernier. Avec des doléances parfois plus anciennes:

    * Un espace trop exigu face à l’importance du public accueilli et au nombre croissant de salarié-e-s.
    * Une situation au 3e étage sans ascenseur ne permettant pas l’accueil des personnes en situation de handicap, et rendant difficile l’accès pour les femmes enceintes et les parents avec enfants en bas âge.
    * Un immeuble d’habitation où les voisins subissent quotidiennement les nuisances liées à l’affluence du public.

Claire Ricciardi, conseillère conjugale, rappelle que le loyer que paye actuellement l'association -850 euros par mois-, est incomparable avec les prix actuels du marché:

"Les conditions de financement d'associations comme la nôtre rendent totalement inaccessibles les prix actuels de l’immobilier marseillais. Pour déménager, il nous faudrait assumer un loyer en augmentation de plus de 400%, alors que nos permanences sont déjà déficitaires."

5000 personnes sont accueillies chaque année au planning familial de Marseille, auxquelles s'ajoutent 2000 patientes qui bénéficient d’un suivi gynécologique. La structure compte une trentaine de salariés, soit dix-neuf équivalent temps plein, la plus importante après Paris et Grenoble.

Car, bien au-delà de la problématique immobilière, cruciale mais très locale, l'équipe du planning entend également dénoncer "le déficit de financement des permanences", et donc pas seulement à Marseille. "L’existence même de ces permanences est menacée par la baisse nationale des crédits alloués par l’Etat à cette activité." C'est aussi le volet appellé "prévention" qui pourrait pâtir de ces restrictions budgétaires: "Le ministère de la Santé a annoncé 30% en moins sur les budgets prévention". Les permanences sont en effet financées sur une ligne budgétaire héritée du temps où le planning fonctionnait avec des bénévoles et qui est payée 8 euros de l'heure. "On continue à faire cette activité car c'est le coeur de notre action et nous l'avons toujours maintenue bien que structurellement déficitaire. Or, ces subventions, le ministère a annoncé qu'elles seraient supprimées."

Mercredi 7 janvier le planning familial marseillais sera réaménagé dans la rue, sur les trottoirs du boulevard d'Athènes. En attendant une réunion le 13 janvier prochain avec la Ddass pour essayer de trouver une solution de relogement.

Source : Rue89