Des taux d'IVG inquiétants dans les départements d'outre-mer

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Comparé à la métropole, le taux d'avortement est bien plus grave dans les DOM. L'IVG concerne près de deux fois plus d’adolescentes à la Réunion.

On peut difficilement se réjouir de la hausse des interruptions volontaires de grossesses (IVG). A la Réunion, ce nombre ne cesse de progresser depuis 5 ans, passant de 4 129 IVG en 2003 à 4 523 en 2006. Et quand la moyenne métropolitaine des taux d’IVG stagne à 14,5 pour 1 000 femmes (âgées entre 15 et 49 ans), la Réunion passe à 21,3 à la même période. Soit un taux 1,5 fois supérieur à la métropole : il est près de trois fois plus important en Guadeloupe... Un chiffre qui s’explique par l’inquiétante proportion d’IVG des mineures à la Réunion (13,8 % de l’ensemble des IVG). En six ans, le nombre d’avortements a presque doublé chez les mineures, passant de 346 à 624 entre 2000 et 2006. “On voit des adolescentes de plus en plus jeunes pousser notre porte pour une demande d’IVG, constate le Dr Sonia Fassio, médecin responsable des centres de planning familial de Saint-Paul et du Port. Elles ont entre 14 et 15 ans, voire 13 ans parfois.” Le recours à l’IVG concerne environ trois jeunes filles sur 100 à la Réunion, alors qu’en métropole ce taux chez les mineures ne dépasse pas 1,8. La prégnance de la religion dans notre département ne semble pas jouer un rôle déterminant dans le choix d’avorter ou non. Selon le Dr Fassio, l’augmentation constante du nombre d’IVG chez les mineures s’explique par “un âge du premier rapport sexuel de plus en plus précoce”.

La loi de 2001 ne rendant plus obligatoire l’autorisation parentale a pu notamment inciter les jeunes filles à être moins prudentes. L’apparition de l’IVG médicamenteuse, qui n’a cessé d’augmenter entre 2001 et 2005 pour rejoindre quasiment les taux de la métropole (41,9 % des IVG de la Réunion), a laissé croire aux adolescentes que la démarche pour avorter était rapide et simple, dédramatisant ainsi le fait d’avorter.

 

LE TABOU DU SEXE ?

De toute évidence, la dispensation de deux heures par an et par classe de 4e de séances d’éducation à la sexualité, initiée il y a plus de dix ans, ne suffit pas à prévenir les comportements à risque. Pour le Dr Fassio, ce n’est pourtant “pas par manque d’information que les mineures tombent enceintes, car elles connaissent bien la contraception”. L’association Rive a d’ailleurs récemment lancé une campagne de communication invitant parents et enfants à aborder en famille des thèmes liés à la sexualité.Les politiques en matière de contraception et l’évolution des lois jouent enfin un rôle prépondérant de la hausse des IVG chez les mineures.

 

Source : Clicanoo