Turquie : le gouvernement recule sur la remise en cause du droit à l’avortement

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ANKARA - Le gouvernement islamo-conservateur turc fait marche arrière sur son intention de remettre en cause le droit à l'avortement, un projet qui a provoqué une controverse en Turquie, a-t-on indiqué jeudi de source parlementaire.

Le Parti de la justice et du développement (AKP, issu de la mouvance islamiste), au pouvoir, a déposé tard mercredi un projet de loi au Parlement visant seulement à limiter les césariennes, en hausse constante et qui concernent presque un accouchement sur deux en Turquie, a indiqué cette source à l'AFP.

Il n'y a pas de référence à l'avortement dans le texte, et on peut dire que le gouvernement a fait marche arrière sur ce point, a souligné cette source à l'AFP sous couvert d'anonymat.

Un membre influent du parti gouvernemental, Hüseyin Canikli, cité par le journal Hürriyet, a lui aussi exclu qu'un projet visant à restreindre l'avortement soit sur le point d'être annoncé.

Un tel projet n'est pas à l'ordre du jour, a-t-il indiqué au journal.

Mais le ministre de la Santé Recep Akdag a déclaré jeudi à la presse qu'un rapport préparé par plusieurs ministères sur l'avortement et son cadre juridique serait présenté la semaine prochaine en conseil des ministres.

Nous voulons dire que l'avortement n'est pas une forme de contraception, s'est-il contenté de dire, sans plus de précisions.

Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a provoqué une controverse lorsqu'il a assimilé le mois dernier l'avortement à un meurtre. Il a aussi critiqué l'augmentation du nombre de césariennes.

Dans la foulée, l'AKP a annoncé vouloir réviser la loi sur l'interruption volontaire de grossesse (IVG), réduisant à six ou quatre semaines de grossesse la période pendant laquelle lavortement reste légal.

Restreindre ainsi ces conditions équivaudrait quasiment à interdire l'IVG, selon les spécialistes et les associations féministes et du planning familial, qui ont manifesté à plusieurs reprises contre le projet.

En Turquie, depuis 1983, lavortement est légalement possible jusquà dix semaines. Il est autorisé pour raisons médicales depuis 1965.

En 2004, M. Erdogan avait demandé la criminalisation de l'adultère, avant de faire machine arrière sous la pression de l'Union européenne.

Source : Romandie, via l'AFP 21/06/2012