Suisse : Un mari accusé d’avoir contraint son épouse à avorter à la quinzième semaine

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Le Code pénal punit d’un à dix ans celui qui interrompt la grossesse d’une femme sans son consentement. Et l’instigation à l’avortement est elle aussi réprimée. Il est rarissime que la justice pénale ait à traiter ce genre d’affaire. Le cas présenté ce matin devant la Cour correctionnelle de Lausanne est donc exceptionnel. Un homme d’une trentaine d’années et son ex-belle mère risquent au moins un an de prison pour instigation et contrainte à un avortement.

«J’avais le choix. Ou bien je signais le papier, ou bien il me tuait tout de suite. C’est ce qu’il m’avait dit». Face à son mari qui ne voulait pas d’enfant et, selon elle, devant une menace de mort que son conjoint nie, la jeune femme a fini par céder. Cela se passait en 2007. «Aujourd’hui encore, j’ai de la peine à m’approcher des enfants, surtout les petits garçons», sanglote-t-elle.

Sa grossesse a été interrompue après la 15e semaine dans une clinique d’Istanbul. Non pas que la Turquie soit plus stricte que la Suisse dans ce domaine - c’est même l’inverse avec un délai de dix semaines contre douze dans notre pays. Mais parce que le CHUV avait refusé de pratiquer l’intervention, et que ce couple de ressortissantes turcs établi à Lausanne s’est rendu dans son pays d’origine plutôt qu’aux Pays-bas ou en Espagne comme le leur aurait suggéré le médecin du CHUV.

La veille du départ en Turquie, l’épouse s’était rendue au poste de police de La Sallaz à Lausanne sans pouvoir se faire comprendre car elle ne parlait que très peu le français. Puis elle s’était adressée à l’association Pole Sud où elle avait suivi un cours de langue. Un nouveau rendez-vous avait alors été fixé au CHUV, et l’affaire semblait réglée lorsque le mari s’est déclaré prêt à garder l’enfant et à annuler le voyage à Istanbul. Ce n’est pas ce s’est produit.

Le mari nie avoir contraint son épouse à avorter. «Je ne voulais pas de cet enfant qui arrivait trop tôt car je voulais sauver notre couple», explique-t-il en substance. cette affaire les a au contraire déchirés au point de divorcer. L’ex-belle mère, accusée de complicité, affirme n’avoir décelé aucun signe de contrainte lorsqu’elle a accompagné le couple à l’aéroport de Genève.

Source : Tribune de Genève