Avortement : les IVG médicamenteuses majoritaires

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Dans un article de Liberté Politique, Pierre-Olivier Arduin dresse le bilan de la dernière étude de la DRESS (Direction de la recherche des études, de l’évaluation et des statistiques) sur la pratique de l’avortement en France.

Cette étude révèle que, pour la première fois, l’IVG (interruption volontaire de grossesse) médicamenteuse a supplanté la méthode chirurgicale et connaît une montée en charge sans précédent en cabinet de ville. En 2009, on compte ainsi en métropole 108 247 IVG médicamenteuses pour 101 021 IVG "classiques". Autorisée en 1988 dans les établissements de santé, l’IVG chimique a vu son nombre multiplié par 2 entre 1992 et 1998, puis encore par 2 entre 1998 et 2004. A cette date, elle est également autorisée en cabinet de ville. En 2006, elle constitue quasiment la moitié des avortements en France. Depuis 2004, 1 IVG médicamenteuse sur 5 est réalisée en cabinet de ville, soit 10% du nombre total d’IVG. Devant un tel essor, on comprend les pressions de certains parlementaires pour réquisitionner les sages-femmes pour prescrire et réaliser l’IVG chimique : "cette progression requiert en effet de nouveaux personnels pour répondre à une demande qui s’emballe", note Pierre-Olivier Arduin. 

Selon lui, cet accroissement impressionnant du nombre d’IVG médicamenteuse est un "véritable bouleversement de la pratique de l’avortement en France" : il accentue la banalisation d’un acte dont "le contrôle social devient insignifiant" et laisse plus que jamais la femme seule face à elle-même. L’IVG par RU 486 ne nécessite en effet pas d’hospitalisation et si l’ingestion des comprimés doit se faire en présence d’un praticien, c’est bien la femme qui s’auto-administre l’avortement, avant d’aller avorter toute seule chez elle dans ses toilettes ou sa salle de bain "dans la solitude la plus complète".

Par ailleurs, l’étude montre que le nombre d’avortements se stabilise, mais également qu’il s’est inscrit durablement dans le paysage français à un taux qui plafonne à des niveaux élevés : en Europe, seules la Lettonie, la Hongri, la Bulgarie, la Suède, la Roumanie et l’Estonie ont des taux plus élevés. Les statistiques montrent que la tranche d’âge qui avorte le plus est celle des femmes âgées de 20 à 29 ans, âge auquel le taux de prise de contraception est le plus élevé (91%). La DRESS confirme l’estimation de l’INED : 4 françaises sur 10 ont recours à une IVG au moins une fois dans leur vie.

En ce qui concerne les avortements de mineures, la DRESS estime que le nombre a légèrement baissé entre 2008 et 2009. Le ratio d’avortements pour 100 naissances ne cesse pourtant d’augmenter ce qui nuance largement ce constat satisfaisant : le nombre d’IVG ne cesse de croître pour un nombre de naissances qui reste stable. Un état de fait spécifique à la France et qui s’explique par le climat idéologique français entretenu par les pouvoirs publics qui ne cessent d’inciter les mineures à recourir massivement à la contraception pour éviter une "grossesse non désirée" : "Tout se passe en effet comme si l’utilisation exponentielle des techniques contraceptives dont la France détient le record du monde débouchait sur un recours accru à l’avortement en cas d’échec, l’IVG apparaissant en définitive comme le meilleur moyen de finaliser son projet contraceptif."

Source : Liberté Politique (Pierre-Olivier Arduin) via la revue de presse gènéthique.