La politique de l'enfant unique à nouveau en cause en Chine

Selon un économiste chinois,c'est l'ensemble du système qu'il faut récuser. En Chine, la limitation des naissances imposée depuis 1971 n’est pas une solution une éventuelle surpopulation, elle pose en elle-même problème. En effet, après de nombreuses années d’application, le taux de fécondité total est tombé à seulement 1,22, selon le cinquième recensement général, effectué en l’an 2000. Ce taux se situe bien en deçà du seuil de renouvellement des générations et des niveaux constatés dans les pays développés, à l’exception de l’Italie [1,3 en 2008]. Ce n’est pas de bon augure pour l’avenir de la Chine.
Dans la province du Guangdong, dans le sud du pays, cette politique a été récemment infléchie. En réalité, c’est un bien maigre sujet de satisfaction ! Depuis le 1er janvier 2009, une modification du règlement provincial a assoupli les contraintes en matière d’espacement des naissances. L’exigence des quatre années obligatoires entre deux naissances est désormais supprimée, ce qui devrait permettre aux couples autorisés à avoir un deuxième enfant [une minorité de parents, eux-mêmes tous deux enfants uniques] dans des délais plus brefs. Dans les années à venir, cela devrait donc conduire à une légère amélioration du taux de natalité. Mais cela n’aboutira pas pour autant à une hausse de la fécondité.
La forte fécondité d’avant 1971, année de la mise en place d’une planification des naissances, était due au fait que le modèle rural prévalait, et que le coût de la procréation était bas. Les paysannes, dont les revenus étaient faibles, perdaient peu à arrêter de travailler pour élever leurs enfants. La politique de planning familial, l’Etat contrôlant la procréation de l’individu, a réduit la fécondité de plus de 4 à plus de 2 enfants par femme.
La politique mise en place n’était pas une politique de planning familial, mais une politique de contrôle des naissances. Sauf exception, les familles ne pouvaient avoir qu’un enfant, afin de ramener le taux de fécondité à 1,5 enfant par femme. Aucun choix familial là-dedans. En vertu des règlements, les commissions de planning familial se sont mises à distribuer de fortes amendes aux familles ayant des enfants “hors quotas”, une taxe sur les naissances déguisée. A noter qu’on a aujourd’hui requalifié ces amendes en “frais d’entretien par la société”, mais la “société” s’est-elle jamais préoccupée de l’entretien de ces enfants-là ? Quelles maigres ressources de la société ces enfants nés “hors quota” accaparent-ils, comme on le prétend ?
En revanche, le contrôle du taux de fécondité a un coût. L’administration chargée de son application sur tout le territoire doit être financée. Le transfert économique entre générations est modifié. Il induit un comportement consistant à modifier l’équilibre des sexes à la naissance (120 garçons pour 100 filles en Chine, contre 107 garçons pour 100 filles dans des conditions normales). Enfin, il accentue le vieillissement de la population, et fait craindre des difficultés à venir pour nourrir les retraités.
On aurait dû mettre un terme depuis longtemps à ce contrôle des naissances, qui est lui seul à l’origine des problèmes démographiques que connaît la Chine aujourd’hui ! Malheureusement, toucher au contrôle des naissances, c’est toucher au gagne-pain d’au moins plusieurs centaines de milliers de personnes, qui, pour cette raison, soutiennent cette politique. Le cinquième recensement national de l’an 2000 a donné un taux de fécondité de seulement 1,22 et toutes les provinces, à l’exception du Guizhou, affichaient des taux inférieurs au seuil de renouvellement des générations. C’était notamment le cas du Guangdong (0,94 seulement). Cette province, comme d’ailleurs le pays tout entier, a besoin qu’on abolisse le système de planification familial lui-même.
Depuis l’an 2000, toutes les communications faites par les commissions de planning familial et toutes les études réalisées par leurs soins donnent un taux de fécondité de 1,8. Elles contredisent explicitement les données fournies par le cinquième recensement national en invoquant la nécessité d’y incorporer le “grand nombre d’enfants nés hors quota”. La part représentée par les enfants hors quota serait donc de 0,58, un chiffre incroyable, car s’il était vrai, il remettrait en question tous les acquis des commissions de planning familial ! De plus, comment expliquer que le taux n’ait pas bougé d’un iota depuis l’an 2000 ? La vraie raison à tout cela, c’est que le taux de 1,8 correspond pour les commissions de planning familial à leur raison de vivre. Pour continuer à exister, celles-ci sont prêtes à contester même les données du recensement national (pourtant bien plus fiables que n’importe quel sondage ou étude) !
Source : Courrier International
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