Viêt-Nam : Avortement sélectif et déséquilibre des sexes

Le pays vient de rejoindre la Chine sur le podium mondial du déséquilibre des sexes. En prenant la deuxième place. Dans son rapport publié en décembre 2008, le bureau vietnamien des Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA) tire le signal d’alarme sur le ratio fille-garçon, en défaveur des filles, comme souvent le cas dans cette partie du monde. Les spécialistes de l’UNFPA expliquent ce phénomène par “une longue tradition culturelle de préférence pour le sexe mâle mais aussi l’apparition de technologies de plus en plus sophistiquées facilitant l’avortement sélectif.”
Le taux de référence mondial est de 105 garçons pour 100 filles. Selon un rapport de l’agence de l’ONU, ce rapport était en 2006 au Vietnam de 110 pour 100 dans les grandes villes. En provinces, il se situait “jusqu’à 120,5 garçons pour 100 filles.” Pour Purnima Mane, directrice exécutive adjointe de l’UNFPA, la région est marquée par “une très forte préférence pour les garçons (…/…) afin de perpétrer le nom familial, la lignée…” La préférence masculine s’explique “aussi par des facteurs économiques” selon Madame Purnima Mane. Il est exact que cela demeure dans certaines campagnes. Mais beaucoup moins qu’avant. Les filles mariées — surtout des villes — aident toujours leurs vieux géniteurs. Toutefois, il faut reconnaitre qu’elles ont moins de marge de manœuvre que les garçons concernant l’importance de l’aide. Car il est communément admis dans la culture familiale que ce rôle reste voué aux fils.
La préférence culturelle pour les naissances masculines — vivace à la campagne — n’échappe pas à la ville. “Je projette de faire deux enfants, à deux ans d’intervalle. Ainsi, j’aurai une chance d’avoir au moins un garçon !” se confie Ngoc, une trentenaire riche, moderne, éduquée, haut cadre dirigeant à Hô Chi Minh Ville. A la question “Préfères-tu plutôt un garçon ?” Elle répond en somme qu’il n’y a pas d’importance pour elle. “Je les aimerai autant, mais mon mari est fils unique, alors ma belle-famille souhaite de tout coeur avoir un petit fils pour porter le nom de la famille !” précise Ngoc, “mais attention, je ne vais pas avorter parce que c’est une fille…”
L’UNFPA suggère que des femmes pratiquent de l’avortement sélectif, comme en Chine.L’avortement de confort a lui aussi explosé. Il n’a pas été étudié par l’UNFPA. C’est la conséquence d’une information publique encore timide sur la contraception, sur les relations sexuelles hors mariage, socialement taboue. Cela concerne surtout les adolescentes, les 18-25 ans et les jeunes femmes actives.
En attendant, le gouvernement envisage endurcir — “par des moyens éducatifs” précise le ministère des affaires sociales — le contrôle de naissance. Celui-ci est officiellement d’actualité.
Source : Blog Histoires d'Asie
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